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POURQUOI DEVIENNENT-ILS RARES ?
Les hommes, qui depuis des millénaires consommaient leurs fruits et les plantaient dans leur environnement immédiat, les ont aujourd'hui oubliés. Leur goût est passé de mode, récolte et préparation demandent trop de temps ou d'effort. Ils ne sont plus adaptés à notre mode de vie. Le remembrement et les pratiques agricoles modernes, l'arasement des haies, les vergers de haute productivité réduits à quelques fruits les plus courants, ne leur ont laissé que peu d'espaces où survivre. La sylviculture orientée vers les rendements ne tient guère compte de la plupart de ces espèces. L'urbanisation, avec le développement des lotissements, des zones industrielles, des voies de communication, détruit les paysages traditionnels qui les abritaient et les remplace par des espaces verts artificiels.
Pourtant, ils méritent notre intérêt.
Les fruitiers sauvages participent à l'équilibre
écologique, car ils nourrissent de nombreux animaux avec
leurs fruits et leur feuillage. Les fruits des espèces
comestibles sont riches en oligo-éléments, en vitamines
diverses dont la vitamine C.
Ils ont des goûts originaux, qui surprennent parfois mais
qui changent des pommes goldens et autres bananes mûries
artificiellement. De nombreuses recettes traditionnelles existent
pour accommoder ces fruits. Leur bois est souvent très recherché par les
ébénistes. Ils ont dailleurs de plus en plus
de mal à en trouver. Pommiers, poiriers, pruniers sauvages,
sont de bons pollinisateurs des variétés cultivées,
et ils ont leur place en bordure du verger. Enfin, ils constituent
un réservoir génétique irremplaçable
: sélection de variétés fruitières
plus gustatives, plus originales ou plus résistantes aux
maladies, sélection de porte-greffes.
Si vous avez la chance d'en posséder, il ne faut pas
les arracher ou les couper. Lorsque les arbres adultes sont exploitables
pour leur bois d'ébénisterie, il est indispensable
de prévoir leur renouvellement par semis naturel ou plantation. Vous pouvez les multiplier en les semant, en les greffant,
en les plantant dans votre jardin, votre verger, votre haie ou
ailleurs. Si vous désirez avoir un jardin accueillant
à la vie sauvage, ils nourriront à la mauvaise
saison de nombreux oiseaux, mais aussi de petits mammifères,
insectes, etc. Si vous possédez ou voulez établir
un verger, leur présence y est précieuse, car leurs
fruits se récoltent souvent plus tard que ceux des espèces
cultivées. Les haies, les bois, les couverts à gibier sont des
endroits idéaux pour leur plantation. Enfin, si par votre
action ou vos fonctions vous intervenez dans la gestion d'espaces
verts publics ou privés, n'hésitez pas à
les préconiser de préférence aux espèces
cultivées banales que l'on voit partout. Il existe de nombreux arbres fruitiers sauvages. Certains
sont communs comme l'églantier, l'aubépine, le
prunellier, le noisetier, d'autres deviennent plus rares comme
le châtaignier, le noyer, l'argousier, l'arbousier, d'autres
enfin ne sont pas comestibles comme le cerisier Sainte-Lucie,
les viornes. Ne les oubliez par pour autant et faites-leur une
place si vous le pouvez.
Pommier sauvage (Malus sylvestris) : Arbre de 6
à 8 m de haut, floraison blanc rosé, fruits de
20 à 25 mm, acerbes, pouvant faire de la gelée
ou du cidre en mélange avec des variétés
à jus. Est à l'origine, avec des espèces
asiatiques, de nos pommiers cultivés. Bois recherché
en ébénisterie. Peut servir de porte-greffe. Semer
au printemps après 3 à 5 mois de stratification. Poirier sauvage (Pyrus pyraster) : Arbre de
10 à 15 m de hauteur, épineux, floraison blanche,
fruits petits, assez âpres, pouvant faire du poiré,
de l'eau de vie. Est à l'origine, avec des espèces
asiatiques, de nos poiriers cultivés. Bois recherché
en ébénisterie. Peut servir de porte-greffe. Semer
au printemps après stratification de 6 à 18 mois. Néflier des bois (Mespilus germanica)
: Arbuste de 3 à 6 m de haut, floraison blanche, les fruits
se consomment blets après les premières gelées,
en confiture, en liqueur. Peut servir de porte-greffe aux variétés
cultivées à gros fruits, devenues aussi rares que
l'espèce sauvage. Semer au printemps après stratification
de 6 à 18 mois. Prunellier à gros fruit (Prunus fruticans)
: C'est un prunellier non épineux, à gros fruit
nettement moins âpre que les prunelles communes. Ils sont
délicieux crus, en confiture, jus, sirop, eau de vie,
vin. Meilleur porte-greffe que le prunellier commun pour les
variétés cultivées de prunes. Semer au printemps
après 6 mois de stratification. Alisier torminal (Sorbus torminalis) : Arbre
de 10 à 20 m de haut, floraison blanchâtre, fruits
de 10 à 15 mm en petits bouquets, se consommant crus lorsqu'ils
sont blets après les premières gelées, ou
en liqueur. Bois recherché en ébénisterie.
Semer au printemps après 3 mois minimum de stratification.
Epine-vinette (Berberis vulgaris) : Arbrisseau de 1 à
2 m de hauteur, épineux, floraison jaune, fruits oblongs
de 10 à 12 mm, se consommant en confiture, en gelée,
en liqueur. Semer au printemps après 4 à 6 mois
de stratification. Cormier (Sorbus domestica) : Arbre de 10 à
20 m de hauteur, floraison blanche, fruits de 20 à 25
mm, se consommant blets après les premières gelées,
séchés comme les pruneaux, en confiture, en sirop.
Bois recherché en ébénisterie. Semer au
printemps après 3 mois minimum de stratification, en association
avec d'autres espèces comme le poirier. Alisier blanc (Sorbus aria) : Arbre de 5 à
10 m de haut, floraison blanche, fruits en bouquets, se consommant
crus après les premières gelées mais ils
sont fades, en confiture et gelée en association avec
d'autres fruits. Bois recherché en ébénisterie.
Semer au printemps après 3 mois de stratification. Prunier myrobolan (Prunus cerasifera) : Arbuste
de 4 à 6 m de haut, épineux, floraison blanche,
fruits se consommant crus, en confiture, en jus, au sirop. Peut
servir de porte-greffe aux variétés cultivées
de prunier. Semer au printemps après 3 à 6 mois
de stratification. Cornouiller mâle (Cornus mas) : Arbuste
de 2 à 6 m de hauteur, floraison jaune dès la fin
de l'hiver,fruits ovales de 15 à 20 mm se consommant crus,
mais ils sont très acides, en compote, en gelée,
en confiture. Mellifère, recherché par les apiculteurs
pour sa floraison précoce. Semer au printemps après
18 mois de stratification.
STRATIFICATION : MODE D'EMPLOI
Mélanger beaucoup de sable et un peu de terreau. Dans
un pot en terre, mettez une couche de ce mélange, des
noyaux ou pépins, une couche de mélange, etc.,
jusque en haut du pot en terminant par une couche de sable. Humidifiez
bien le tout sans qu'il reste dexcès d'eau, puis
enterrez le pot au nord à l'abri d'un mur.
Vous pouvez aussi mélanger terreau humide et graines,
mettre le tout dans un sac plastique bien fermé et glissé
dans le bac à légume du réfrigérateur.
Vérifiez régulièrement la germination et
semer dès que le germe apparaît.
POUR ALLER PLUS VITE : LA PLANTATION
Le plus simple est de prendre de jeunes plants dans la nature.
Il convient de demander lautorisation du propriétaire
du terrain, et de respecter la réglementation. Les prélèvement
de ce genre sont interdits en forêts domaniales par exemple.
Renseignez-vous auprès des pépiniéristes
de votre région s'ils vendent des fruitiers sauvages.
Attention, exigez la garantie que les espèces correspondent
bien aux noms latins que nous mentionnons. Des associations proposent
des plants darbres et arbustes locaux, notamment en Lorraine
et dans le Nord. Si vous ne trouvez pas votre bonheur autour de chez vous,
consultez les pépiniéristes spécialisés
dans les plants forestiers. Les quantités minimales sont
de 10 à 50 pieds, mais leur choix en espèces de
nos régions est très vaste :
Bauchery, Place de l'Eglise, 41220 Crouy / Cosson
Clémendot, Cheu, 89600 Saint Florentin
Naudet, Leuglay, 21290 Recey sur Ource
Robin, 05500 Saint Laurent du Cros
Les arbres se plantent de novembre à mars lorsqu'ils sont
fournis avec les racines nues, toute l'année s'ils sont
en godet. Prenez de préférence de jeunes plants,
un ou deux ans maximum, dont la reprise sera plus facile et la
croissance plus rapide qu'avec des plants plus âgés.
Un véritable guide des fruitiers sauvages pour connaître et reconnaître dans la nature les espèces comestibles et les autres : A LA DECOUVERTE DES FRUITIERS SAUVAGES par Eric VARLET, aux éditions Sang de la Terre, disponible en librairie, ou par correspondance chez l'auteur (64 rue Ramey, 75018 Paris).
Remerciement à l'association PONEMA auteur de ce texte.