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RETROUVEZ LES FLEURS DES JARDINS D'AUTREFOIS

 

LES FLEURS DES JARDINS, UNE LONGUE HISTOIRE

Les plus anciennes mentions historiques sur la culture des fleurs dans les jardins remontent à près de 5000 ans et nous viennent de Chine, où le chrysanthème était déjà cultivé vers 2500 ans avant notre ère.
Les Égyptiens avaient le lotus, le papyrus, la myrte, le grenadier, les Perses la rose et la violette, les Hébreux la rose jaune après la captivité à Babylone.
Les Gaulois cultivaient le pastel, appelé aussi guède, et la garance pour se teindre le corps. Chez les anciens Romains, la rose côtoyait le pavot, et dès l'époque impériale on cultivait narcisse, lis, jacinthe, pervenches, cyclamen d'Europe, bleuet, rose simple et parfois double, blanche ou rouge.

A l'époque de Charlemagne sont mentionnés la joubarbe, l'iris, la guimauve, la grande camomille, le lis blanc, la mauve alcée, la sauge sclarée, la cardère, etc. Le Moyen-âge voit apparaître anémones, primevères, renoncules, ancolies, pivoines, muguet, pâquerettes tirées de la flore indigène, et la giroflée, l'oeillet, le réséda et la rose de Damas ramenés des Croisades.
A partir de la Renaissance et de la découverte des autres continents, les échanges s'intensifient et de nombreuses fleurs exotiques sont introduites dans les jardins européens, alors que les variétés à fleurs doubles, à couleurs modifiées des vieilles espèces se multiplient. C'est au dix-neuvième siècle que ce mouvement prend une grande ampleur, et débouche sur la situation actuelle, où les fleurs exotiques ou très modifiées par la sélection dominent les catalogues des horticulteurs.

 

DES FLEURS AUX USAGES MULTIPLES

Les sociétés traditionnelles aux moyens techniques limités ont su exploiter avec profit les richesses de la flore locale. La culture des fleurs répondait alors à des besoins précis, comme le soin des maladies, l'aromatisation des plats, la teinture des tissus, etc.

Parmi les plantes médicinales renommées, le souci soignait les troubles digestifs et cicatrisait les plaies, la langue de chien était un sédatif léger, la guimauve était adoucissante, le pavot calmait la douleur, la grande aunée comme les sauges étaient toniques et stimulantes, la digitale soignait le cœur, la bourrache comme la violette et la mauve calmaient la toux, la pervenche était efficace contre les hémorragies...
La garance produisait une belle teinte rouge, alors que le pastel donnait un bleu estimé et l'anthémis un jaune vif. Le lin produisait les fibres pour le tissage.
Des plantes avaient des usages variés et parfois inattendus. Ainsi les têtes de la cardère cultivée, aux épines recourbées, servaient à fabriquer des outils pour carder la laine. La saponaire était utilisée pour laver le linge.
L'aspect esthétique était souvent secondaire, mais n'était pas absent. L'ancolie, la giroflée ont été introduits dans les jardins pour la beauté de leurs fleurs. Le lis blanc avait une valeur symbolique très forte liée au culte de la Vierge. La monnaie du pape entrait dans les bouquets secs.
Ces anciennes fleurs des jardins liées à des usages traditionnels se sont conservées bien plus longtemps dans la société paysanne, et restent pour certaines d'entre elles le symbole des jardins rustiques voisins des potagers qui côtoyaient les fermes.

 

UN JARDIN PLEIN DE COULEURS ET DE VIE

Les fleurs des jardins d'autrefois, tirées de la flore locale ou de régions voisines et acclimatées depuis des siècles, font partie intégrante de l'écosystème du jardin et nourrissent et abritent une foule de petits animaux.

La plupart de ces fleurs sont mellifères, c'est à dire qu'elles sont fréquentées par les abeilles qui en tirent la matière première de leur miel. Le souci, l'ancolie, la giroflée, la joubarbe, la cardère, la bourrache, la digitale sont particulièrement visitées par les abeilles.
Beaucoup d'autres fleurs produisent en abondance nectar ou pollen qui sont consommés par des insectes très divers. Les grosses fleurs de la rose trémière et du pavot attirent de nombreux bourdons et la belle abeille charpentière. La nielle, la guimauve, la monnaie du pape, les mauves, les sauges, la langue de chien, la gueule de loup, nourrissent petites guêpes et abeilles solitaires, mouches, coléoptères, papillons qui viennent animer le jardin de leurs mouvements colorés.

Le feuillage de ces plantes nourrit plusieurs espèces de chenilles, jusqu'à 6 pour la digitale, mais aussi des chrysomèles, des pucerons, des punaises, etc. Comme ces plantes sont bien adaptées à notre climat et à notre sol, ces attaques ne les empêchent pas de prospérer. Cette population commensale est elle-même victime de parasites et de prédateurs, des coccinelles aux syrphes et aux minuscules guêpes, créant au jardin un écosystème riche, complexe et équilibré. Même les oiseaux en profitent, qu'ils consomment les insectes ainsi attirés, ou, comme le chardonneret, les graines de la cardère.

 

DES ESPECES ET DES VARIETES QUI DISPARAISSENT

Les modes ont changé. La société traditionnelle qui utilisait ces vieilles fleurs des jardins disparaît avec les anciens des campagnes. Les entreprises horticoles qui produisent graines et semences sont engagées dans une logique commerciale privilégiant la nouveauté, les hybrides, les fleurs plus grosses, doubles, aux formes et aux coloris de plus en plus variés, les espèces exotiques mises en culture depuis peu de temps.
Cette évolution entraîne la disparition progressive des fleurs des jrdins d'autrefois. Quand l'espèce est toujours cultivée, il s'agit d'hybrides ou de variétés à fleurs modifiées. Les catalogues mettent en relief les variétés naines, à grandes fleurs, à fleurs doubles, à coloris variés. Les fleurs doubles par exemple, s'obtiennent par la modification de certains organes de la fleur, qui produisent le nectar ou le pollen, en pétales supplémentaires. Elles sont donc sans intérêt pour les insectes.
La sélection ayant uniquement suivi un caractère esthétique, ces variétés sont inutilisables par les insectes le plus souvent et participent à l'appauvrissement de la vie dans les jardins. De nombreuses variétés sont en effet pratiquement stériles ou ne reproduisent pas les caractères des parents (les hybrides). Ainsi les variétés courantes de souci, oeillets, giroflée, ancolie, rose trémière sont-ils de plus en plus artificiels et participent également à la logique commerciale obligeant à renouveler chaque année ses achats de semences.
D'autres espèces disparaissent des catalogues ou des rayons des marchands de graines. Il faut chercher longtemps pour trouver garance, cardère cultivée, langue de chien ou herbe de Sainte Barbe.

 

CULTIVEZ ET DIFFUSEZ LES VIEILLES FLEURS D'AUTREFOIS

Une variété ancienne de fleurs des jardins qui disparaît, c'est un peu de patrimoine qui s'en va.
De patrimoine culturel, car elles ont été façonnées au cours de l'histoire pour répondre à des besoins précis de nos ancêtres.
De patrimoine génétique surtout, au même titre que les anciennes variétés de légumes ou de fruits. Elles gardent des caractères rustiques, bien adaptés au climat, n'ayant besoin ni de traitement chimique ni d'apport d'engrais. Les variétés modernes ou les espèces exotiques ont besoin de soins plus nombreux, d'apports d'engrais et d'eau importants et sont plus sensibles aux maladies ou aux rigueurs du climat.
De patrimoine naturel enfin, car elles permettent la vie dans les jardins de nombreuses espèces d'animaux, d'insectes en particulier, alors que les variétés modernes et les espèces exotiques d'introduction récente créent de véritables déserts végétalisés.

Ces graines ne sont pas commercialement protégées, elles peuvent être librement produites et diffusées (n'est-ce pas là l'une des raisons du manque d'intérêts des compagnies de production de semences ?). Elles sont notre propriété collective. Alors profitons-en, semons-les et diffusons-les autour de nous pour obtenir des jardins pleins de couleurs mais surtout pleins de vie.

Peut-être cultivez-vous toujours des fleurs d'autrefois ? Si vous nous faîtes parvenir des graines que vous récoltez, nous pourrons les distribuer parmi les adhérents de l'association et contribuer ainsi à les répandre, donc à les sauver.

 

Remerciement à l'association PONEMA auteur de ce texte.

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